L'Indicible
29 janvier 2005
 

Regarder les traces de couleur,les touches du pinceau, des bleus en myriade,du véronèse, des roses aguichants et le rouge sang aux ocres de la terre et tes yeux au loin regard.
Si loin au-delà des nuages, un arc dans le ciel, je vois les ténèbres, les ombres alanguies et le pont va vers la lumière, tu n’as rien franchi j’ai juste attendu et le jour continue dans sa nuit profonde,toute la maison parle et se tait en même temps, un silence si bruyant, où sont les musiciens ? la pluie poursuit la neige.
Je peins,tu desssines,j’écris,tu peins,la ligne est infinie le bonheur paysage ta voix en mirage.
Allô.
Oui je suis là,juste encore ensommeillée, dans les bribes d'un réveil, je parle comme un enfant surpris, ses premiers balbutiements la voix est si proche, c’est un chant on s’entrerespire, c’est si tôt le matin, je suis juste suffoquée, émerveillée, sans voix.
Tu peux me réveiller tous les jours de la vie, tu sais.

Et personne n’aime
savoir ceux qui sautent dans le vide, personne n’écoute, son cri se fracasse sur le sol pendant que tout continue.

Tout s’abat sur la terre des mots, la neige et la pluie, cette tristesse infinie qui échappe au regard sous les laines hivernales.
Ils boivent trop de vin, les chemins sont glissants, c’est sûrement pour cela qu’en fait tu es resté et moi je pense que peut-être demain sous la pluie.
Je n’ai même plus envie d’écrire, tu comprends, juste des mots parmi les couches de peinture , sur les toiles le papier ou les murs même sur la table.
Il dit que la poésie il faut la chanter alors chante, tu sais juste pour être entendu.
La voix est si basse je vibre, je l’entends à peine c’est un soupir un éveil si lent, ta présence au matin, la lune en moi, enluminure mystérieuse.
C’est sûrement la fortune, une chance furtive éphémère et splendide, un sourire complice à l’aube.
Ton visage.
sourire.
tu oublies et moi aussi j’oublie ce que je dois faire, un voile m’enveloppe.
Comme une mélodie dans l’air, un chant magnifique qui berce les heures naufragées,les heures perdues, on ne sait plus qui habite le monde et le pourquoi de ceci.
Il faudra dans l’instant tout vivre, le noir absolu et la lumière, tout relier tout intégrer et ne pas avoir peur des mots écrasés sur le sol et puis
Ta force est dans tes yeux, tes mains ton regard, les lèvres si sensuelles et le mouvement de ton corps ici vient la nuit.
Un parfum d’huiles.
Monte ta voix en moi, basse sourdine, basse .
Coulent les gouttes, les tubes de peinture, ces lumières inventées pour mieux voir le noir,
toutes
nos ombres cachées.
Il y a tout ce que l’on peut se dire la nuit, les mots oubliés resurgissent, lueur vivante plein les corbeilles.
Je regarde le ciel, les étoiles par milliers les traces d’avant et mon cœur comprend qu’un jour je saurai.
Mon visage tourné vers ton visage les lèvres et tous ces silences entre des pauses des répits.
si bémol.
On est trop bouleversé par la courbe de certains mots tu trébuches les pieds dans le tapis et pourtant ce ne sont que des mots.
Je lève les yeux, c’est Babel.
Des fenêtres en flammes s’échappent des feuilles.

Nos regards embrasés, étreinte lumière couleur et feu, tant d’eau dans l’air, nos chairs en décollage, nuages bleus, songe à peau .
Trop de murs de murailles, c’est loin ici.
Tu secoues les gouttes, nos âmes.
Sur les berges du fleuve tes cheveux fous, échevelées effrénées à la brûlante des yeux.
Une odalisque, nos pas feutrés parce que le soir, sous le charme, le noir sanguin, c’est janvier,"qui saura aimer comme on sait aimer", Angélique Kidjo chante.
J’ai encore soif, tu répètes"tu as soif" tant de volupté dans l’ intonation, le ton, ta voix , toi.

Gémissement des guitares, les cordes tendues à l’extrême, juste après elles se brisent, la voix suave enivrante, un rai de lumière tombe rare, reflet sur l’eau du regard, ton épaule nue , mes hanches s’agrippent au parapet, ton corps sauvage comme un gouffre où je n’en finis jamais de me déposséder, je n’ai rien.
Je n’ai rien juste ces mots, des pots de couleur et les voix, présences instables, évanescentes sentinelles, l’alentour respire nos vies de poussière.
J’ai encore faim, toi l’or dans les mains, regarde toutes les eaux coulent déboulent de partout, on recolle avec du sparadrap, du chatterton ,n’importe quoi pour nos vies fragmentées , nos bouches béantes, nos lèvres.
Cadence veines.
frères, soeurs.
de sang.
Tu te penches sur les lèvres, l’ouverture des corps,j'appelle rauque les arènes en silence, le fleuve rouge bleu orangé alanguit le temps, on ne compte plus.
Ton regard brillant noir.
Parce que la mort et le sang impur.
Viens j’ai encore faim.

Il dit que en france seulement 150 peintres vivent correctement de leurs peintures.

 
16 janvier 2005
 

Fragiles la vie, l’amour, la peinture, les mots, tout est fragile tout le temps, tout tient avec rien,
sublimes la vie, l’amour, la peinture, les mots et la vague vertige, on meurt à 1000 kilomètres heures, blessés morts plus de cent mille alors c’est important mais un mort, un seul, c’est sûrement rien.
Tout se précipite,la vie, les vagues, l’amour
Un oiseau mort
Nos cœurs écrasés dans la douleur
« Violencée » elle dit.

On s’aime la nuit, on s’aime mille fois avant après et encore
On ne se console ni dans les couleurs ni dans les mots et pourtant
La douleur, la souffrance du monde, des autres, non pas les morts ils ne souffrent plus libérés de la vie mais les blessés les malades, on dit ils ont eu de la chance, la chance de souffrir tous les jours de leur vie
absurde et insoluble

En fragments de pierres, de cendres, d’ossements, en bouts de nous-mêmes toujours dans le vaste immense,le monde nous bouleverse,tant de morts, tant de douleur, on ne sait plus où l’on met les pieds, on se perd
Il y eut un suicide d’arbres, il y a des guerres, des attentats, des gens crèvent de faim et une vague et beaucoup de larmes,
cris

Je peux toujours penser que tu vas téléphoner et que tout comme avant on reparlera tout reviendra le pain,le lait le vin,les morts reviendront et que la mer

tsunami, le mot est joli, insolubles mots d’une vague qui déborde

Dans l’ombre
Il n’y a pas de mot pour dire les rêves nos incroyables rêves
Dans l’ombre
Il y a toi et moi
plutôt toi sans moi, moi sans toi
La solitude dans l’eau d’une vague, sur les portes et les vitres des voitures, on attendra le retour du printemps

J’ai vu Léo, ses tournants tarabiscotés et sublimes dans la peinture, je reste primaire,très terre à terre je cherche les pigments,les couleurs que j’aime et lui il va vite on va chacun s notre vitesse et ce n’est pas la même et pourtant la vague va beaucoup plus vite que nous.

Toujours ton regard, tes cheveux fous, tes bras si longs m’entourent, me détourent, m’enroutent pour toujours vers l’impossible incroyable de moi-même cet inattendu qui affleure, tu es parfait pour cela.
Et ainsi tout pleuvait la vie l’amour la mort
Et on se prend la main, tu me prends la main ou moi je n’en sais plus rien et un des deux lâchera, c’est long, cela fait peur de tenir la vie comme cela par la main de l’autre.

Restent des enfants aux regards perdus et des adultes si grands aux regards d’enfants,
Demain

Tout continuera dans la magnifique indifférence
on ne regardera plus jamais comme avant la mer, les convois funéraires et surtout pas les ambulances, resteront les chewing gums gagnants.
Pas d’absinthe,juste nos jambes emmêlées, nos hanches serrées pour atteindre l'unique corps

Des chants des voix envoûtantes, des dépassements de soi au delà des barrières, du mur de silence en plein vent bourrasque alizé en plein dans la lumière qui se tapit dans l’ombre
nos corps au fou de l’absence, au feu des cieux des impénétrables mystères, des soupirs des fleurs, agonie
Nous voulions la paix le bonheur par tonnes, nous oublions la nature ses soubresauts ses vagues plus que géantes et le chant des oiseaux.
le baiser le plus court le plus long de nos vies entre deux portes deux lisières du chemin
un baiser si doux brûlant notre fièvre
je suis là dans l’attente au murmure de ta porte, les grincements les cliquetis tous ces bruits en sourdine d’un ultime mot d’amour, impatiente et fragile avec cette compréhension ultime de ce qui nous relie et sépare pour toujours , je regarde dans la glace je vois les rides, les creux les sillons et les bosses toutes les traces de la vie
je chemine et poursuis l’incroyable d’une route, une traverse en bleu , tous ces coups du pinceau sur les toiles d’un monde , dis tu retrouveras le temps où enfants nous courrions les plaines vers les eaux profondes.
ce sera en janvier, des doigts sur la clarinette, un psaume oublié, les restes d’un hiver finissant, il y aura encore un retour du printemps loin de la ville

l’envers du décor ce n’est pas l’amour c’est plutôt le détour du parcours, les danses sauvages, animales ou tribales, les corps en déroute sur fond d’océan , d’infini turbulent, une présence active quelque chose qui s’enfonce au plus profond, un soupçon d’innocence, quelque chose qui colle sur les touches au bout de nos doigts.
Une mélodie si belle, fente dans l’air, une histoire de signes de couleur et de traces, vous ne disiez plus rien , j’avais trop d’absence, l’innommable du silence, les peaux collées à la peur, vous doutiez je croyais au monde meilleur , les rêves impossibles existent.

Un bal,une rue large comme un boulevard, des fenêtres écrues, j’entrouvre du dehors et pénètre l’antre vers vos pieds grands ouverts, au bas d’une échelle toute la folie du monde, un feu à l’intérieur, tu t'ébauches en douceur froide, début d’un supplice, supplique inavouable, un tourment fou qui passe les ans,les lumières,les forêts de la mémoire
rien n’est facile, tout se bat se pioche se galère nos mains abîmées les corps blessés et pourtant la voix si profonde venue de très loin, la voix a compris quelque part de la vie et maintenant ce serait elle cette voix-là qui soulagerait nos vies si bancales nos dérisoires errances cette voix,j’en frémis doucement, tu reviens dans longtemps et je peux encore tout changer d’un seul coup de pinceau.
la voix le chant très beaux,je ferme les yeux grands ouverts sur les jambes d'un pont, j'ouvre les fenêtres, éloigne les poussières les traces anciennes il faudra bien oublier qu’un jour je l’ aimais.

 



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