L'Indicible
29 octobre 2003
 

C'est tout le temps

Ça parle du désir son parcours, le trajet en elle et au-delà, toujours au-delà, au loin.
J’écoute mon blues-man, juste pour moi il chante ses mots ,mélodies qui me traversent comme un fleuve impétueux dans chaque creux cavité il creuse jusqu’à l’âme.
C’est la pénétration des histoires, on les appelle amour on les appelle comme on veut les histoires, c’est leur cheminement en soi qui accapare, bouleverse, pénètre, taraude profond en dedans et souvent pour longtemps, et tu te tais et ils se taisent, c’est vaste le silence alentour, un silence de jour de pluie sans pain, sans vin.
Et c’est très fleur bleue, doigts liés, cavalcade des cœurs, gorge ouverte, et minauderies, bêlements, bégaiements, aboiements, c’est très animal, bestial, sauvage mais on n’est pas bêtes, on parle et puis écrit, on se rattrape avec des mots, du langage, de la communication.
Et c’est absolu comme ce rouge-là, et c’est tout le temps le vertige, et c’est tout le temps la nuit, et c’est tout le temps le jour, on peut écrire que cela n’a rien à voir avec l’amour, c’est juste une passade, un engouement, c’est juste sensuel ou sexuel, c’est juste…, en fait je ne sais pas, toujours réduite à cela ne pas savoir, accepter cela l’impuissance et l’absence qui creuse ses profonds sillons dans le ventre.

 
27 octobre 2003
 

On trie les chaussettes

Lorsque je décide d’écrire ici chaque jour je ne le fais pas, il y a mille raisons, l’ordinateur est occupé, la chambre est occupée, je suis occupée. Et cette indécence d’étaler mon mal-être, mes larmes, mes soupirs, mes manques, mes peines, mes tourments à la longue et avec le temps, je m’en moque, il faut bien étaler, s’étaler quelque part, et puis croire que tout cela se dilue, peut disparaître, tout en sachant que cela dure le manque, les tourments, et puis écrire, s’écrire cela calme peut-être, cela pose, oblige de s’arrêter, d’arrêter le flot, le flux.

Il fait froid, il a gelé et les plantes abandonnées dehors, misérables, et on est là de mères en filles et en filles, on balaie, on cuisine, on plante et ramasse les feuilles, on lave le linge, trie les chaussettes, on marche sur les chemins, on appelle, on crie et on nettoie, range, on est presque en vacances, on fume des « fumer tue », on tricote, on rit, parle et se tait , on remplit le frigidaire, on vide le frigidaire, on cherche cette recette de flan à l’ancienne, introuvable même sur internet, et on batifole, on fait les folles, et on appelle lui qui a le même prénom que lui, et on le pleure lui en silence et à grands cris, on s’organise et se désorganise, on ne peut pas être au même moment à des centailes de kilomètres, on taquine, on se taquine, on rentre du bois, chauffe, dort dans les même lits, la chaleur, trouver la chaleur, et ce soir on ne fait pas de repas parce qu’il n’y a pas de garçons, on mange des tartines et ce flan sans la recette, on libère et le garçon revient, les filles jubilent, on l’adore, il mange des tartines, téléphone, se douche et repart, on continue, on ne sait plus, on sait encore, on attend tout et rien.

Quelqu’un est arrivé ici avec « comment enseigner la peinture chinoise aux enfants », et certains tapent des mots que je n’ai jamais écrits, je ne les recopie pas, j’ai peur du loup.
Pour ceux qui veulent apprendre la calligraphie chinoise, un beau site où l’on voit le pinceau tracer les traits des caractères.

 
23 octobre 2003
 

Tu es là

Tu es là
L’or brille le rouge des cheveux
Les mots glissent dans ton cou
Tu es là
Lumière sur tes longs doigts
Le doux des lèvres
Tu es là
Répète encore
Juste pour moi
Tu es là
Tu m’ouvres la porte
Toutes les portes
Tu es là
Tu dis viens près de moi
Nos corps tellement fous
Tu m’assieds sur tes genoux
Tu m’enveloppes
Tu es là
Tu allumes les bougies
On trouve vins et viandes

Tu es là
Tu peins mon corps en bleu
Tu colles des bouts de ta peau sur ma peau
Tu es là
Tu marches nu en moi
L'eau coule
Tu es là
Tu ne veux pas me faire mal
Tu me fais mal

Tu es là
J’ai la force de la mer

 
21 octobre 2003
 

Le fil

Je suis énervée, incroyablement énervée, tout tourne de travers et moi aussi et les autres aussi, je ne sais si l’écrire là peut changer quelque chose, et je pense à elles et surtout à elle et au fil, le long fil un peu mystérieux, le fil magique et je ris, juste penser le fil, je ris, merveille, je nous vois toutes les deux dans l’eau bleue en pleine canicule,je lui demandede raconter le fil et elle raconte, et le fil s’enroule dans nos rires, bonheur du fil au fil bleu de l’eau, j’ai oublié nos paroles, je n’ai pas oublié nos rires, et j’écris le fil un sourire me dilatant complètement et grâce à ce fil que je n’ai pas et quelle a, j’ai encore de quoi rire les longues soirées d’hiver, les rires avec ou sans fil sont bien ancrés en moi.
Quand je suis comme cela, à vif, partagée entre tout, divisée, je crois en rien et surtout pas en écrire, juste le rire peut-être, rire de ma condition d’être sans fil, je crois au dérisoire des mots, à leur vanité aussi, j’en noircirai la feuille pour ne rien dire, juste pour le plaisir d’un rire moqueur sans indulgence ,un rire pour me mourir de rire.
Et perdue pour perdue, je tire le Yi -King et comble je tire l’attente, alors j’attendrai ce que j'abhorre le plus, j’attends et c’est bien parce que le plus vieux livre chinois, celui qui a résisté au grand incendie l’a dit, j’attends.

 
18 octobre 2003
 

En bleu

J’écris et ne peux empêcher la tristesse envahissante depuis ce matin, j’écris et je marche, un instant dans le soleil d’automne je suis mieux, plus vivante, l’air chaud sur ma peau, j’écris et je réponds au téléphone, et j’annule la soirée et j’écris, la boule roulant en dedans entre la gorge et le ventre, je revis toutes les femmes, tes amantes, tes maîtresses, tes cheveux fous, ton sourire, tes grands bras qui enserrent, tes grands bras dans mon dos, tes grands bras sur sa peau, tes lèvres sur mes lèvres, tes lèvres dans son cou, ta bouche sur mon ventre, notre conversation dévale, m’empale partout dans les fleurs jaunes, le parfum des roses, le pavé à nettoyer, la pelouse à tondre, le courrier à répondre, les factures, les ordures, tes paroles sont partout et je ne peux m’en libérer.

 
16 octobre 2003
 

Elle, plus précieuse que l'or des larmes dit : "Ma meilleure amie s'est jetée des fenêtres de la clinique", je la berce elle et son trop plein de peines.

 
13 octobre 2003
 

Je dois revenir écrire, les mots ne sont pas importants, c’est juste le principe d’écrire ici ou ailleurs, ici j’ai commencé quelque chose. Parfois je veux effacer quelques mots et ne le fais pas , en fait j’aime les traces je n’aime peut-être que cela, au cas où, on ne sait jamais , ce semblant d’exister plus avec des traces.
Cette journée commencée dans le gris triste et morne s’est peu à peu éveillée,réveillée et je joue avec les couleurs, les bouts de papiers découpés, les oiseaux, et ce nouveau projet avec elle, sur Lilith, la femme obscure, la première femme d’Adam avant Eve.

 
08 octobre 2003
 

Fragile

Je m’effondre et me relève, terrible va et vient sans fin, j’espère trop, j’attends trop, je rencontre les hommes qui me font encore plus mal au cœur, à l’âme, karma de merde, toujours se retrouver à l’origine, à la naissance dans cette chaleur étouffante sans eau, et toujours seule, c’est dans l’adversité que l’on avance, yes, ne pas l’oublier, relever encore la tête.
L’amour est cruel, de sa voix envoûtante, il me dit des mots lapidaires et m’embrasse, évidemment je n’étais pas amoureuse, juste bien et heureuse .
Il y a une rencontre dans le désir mais dans l’attente.
Encore attendre que tout cela passe, s’estompe dans l’ombre ou la lumière, enfin disparaisse, ne plus sentir la brûlure, l’amer, laisser la vague rouler et t’emporter loin de la grève, ce semblant de rêve.
Et cet automne ressemble à un hiver, je retourne dans la ville, la mienne , j’oublie les pierres roses , les ruelles poétiques, je ne l’appellerai pas, et s’il m’appelle ,j’espère juste ne pas fondre.
Retrouver encore l’origine, le début de l’amour , la page blanche du commencement où tout est possible, où tout est permis.

 
04 octobre 2003
 

Pour vous

Vous aussi, vous me manquez trop, ce soir je suis avec P ou C, je ne sais comment l’appeler, la jeune louve regarde une vidéo, j’ai abandonné et viens écrire ici.
Je mêle tout l’amour et le désir, je mêle la vie, la mort et ne dors pas, le bleu et le noir, je rêve un nouveau soleil, je mêle les mots dans ses pinceaux, la musique familière et le silence si grand, les jours loin de ses cheveux fous, il trempera le pinceau dans le bleu des mots, il est là où je ne suis pas.
Il est 3 heures dans le matin, ils mangent pain, mayonnaise, tomates, fromage j’ai faim.
Et pour vous j’écris, j’aime cela écrire pour vous, c’est une présence dans le gris des ordinateurs.
Une nouvelle fois je suis tombée sous le charme, charmée j’oublie le temps, j’oublie avant, je suis entrée dans cette danse, ce fut un enchantement maintenant cela ressemble à d’autres histoires et pourtant chaque histoire est différente, je suis à fleur de peau, des criquets partout dans la maison, les fleurs de l’automne,les étoiles des asters , les bleus lumineux des plumpagos, des bleus pales, des bleus ardoises des bleus de mer, maintenant je ne dors pas , j’espère atteindre le bleu inaccessible, atteindre l’insaisissable du bleu pour vous ce soir.

 
02 octobre 2003
 

Filer dans la nuit

J’écris souvent ici dans ces heures impossibles, ces heures à dormir, je crois vous attendez je vous laisse quelques mots, je l’ai appelé en plein dimanche midi, si une femme répondait, je comptais raccrocher, je plaisante, j’aurai assumé enfin je crois, heureusement c’était lui, on a parlé longtemps quelques heures.
Je file dans la nuit, les chemins, les routes, l’autoroute et l’entrée dans la ville aux pierres roses, il dit venez, je lui dis il est trop tard, il dit je vous ramènerai.
Je lui raconte beaucoup, il dit que maintenant je sais tout de lui.Sa main dans mes cheveux, je vacille, je coule le long de lui ses grands bras me renferment, entre approches et départs, entre rires et mots, entre lui et moi, un vertige grande vitesse, un vertige dans la nuit.
L’orage gronde et déjà il me manque, il expose, s’expose et séduit au bord de la mer,et j’écris partout pour ne pas oublier, j’ai fini le carnet relié comme un livre, j’ai commencé cet autre aux pages blanches sans lignes et les mots sont trop plats pour dire cela.
Il a réveillé mon corps, que fera t’il de mon cœur?

 



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