L'Indicible
29 mars 2004
 

Tracer, retrouver ton corps la nuit, respirer ton cœur, s’attarder, traîner, exister encore contre ta peau comme un rêve oublié, il y a des milliers d’années, si loin, et pourtant, pénétrer l’odeur, parfum de jasmin blanc pur, les mains chaudes sur les seins, s’aimer sur l’autre galaxie, près des étoiles sur la chevelure de Bérénice, danser dans des bras, dans tes bras sur vénus et mars mêlés, rester longtemps, regarder le monde de loin, ne plus voir, mourir.

 
27 mars 2004
 

Il y a tellement de fleurs

Envie de retirer les mots d’hier, ils me désespèrent, aujourd’hui je vois cette histoire autrement, je vois tout ce que je ne pouvais voir brûlée par la passion et poussée par mon impatience, j’entends ce qu’il m’avait dit avant, ce qu’il voulait (c’était généreux et avec une grande liberté )et si j’avais entendu vraiment, nous n’en serions pas là mais je suis comme je suis je ne changerais pas en cinq minutes et pourtant cette histoire me transforme, me métamorphose.
L’autre te transforme, révèle des parties de toi inconnues, l’autre magnétique, fascinant, attirant, l’autre, je dois arrêter de faire mon film, oui !
L’autre grâce aux autres je me comprends mieux moi-même, je comprends ce que je veux dans la relation, mes attentes même pas formulées mais bien présentes même pas toutes conscientes, cela m’agace d’avoir gâché cette relation avec cela et je me console en me disant si je dois vivre cette relation,je la vivrai .
J’accepte qu’il soit différent, qu’il parle comme cela qu’il s’énerve, j’accepte de peu lui plaire en fait et puis je n’accepte pas mais pas du tout, je suis redoutable, je me redoute, je vais retourner dans ma solitude face à moi-même mes démons et je vais faire confiance à mes anges.

Je suis retournée sur la pente douce, j’ai amené du terreau, j’ai mis du terreau dans les cailloux les pensées plantées à l’automne refleurissent parmi les jonquilles, il adorait il adore toujours je suppose, demain je mettrai d’autres fleurs, ce sera très beau, ce sera la petite montagne du jardin au bord de la mer.
Demain Eva va venir, on continuera nos projets fous, le sien e t le mien et quand nos projets se rencontrent cela fait des étincelles, de la synchronicité, c’est bon et cela fait du bien.

Aller au fond très fond, loin bas, en bas revenir doucement, comme le phénix renaître des cendres encore et la lumière inattendue au fond, je ne l’aurais pas vu si je n’y étais pas allée au fond .

Une personne une alchimie, une autre personne une autre alchimie, une relation la rencontre de ces deux alchimies et cette relation a été très vite très loin on s’est un peu perdus, blessés et maintenant faire confiance à cette alchimie et on verra bien et surtout ne rien attendre, juste prendre ce qui arrive quand cela vient, et sourire au jardin.
Mystérieuse alchimie que cette rencontre, et toujours on se dira vrai, et toujours j’irai vers comme une nécessité intérieure, absolue, les rencontres ne sont pas des hasards juste des coïncidences, des évidences.

Hier je voyais la lumière dans le fond noir et aujourd’hui je ne la vois plus ou bien elle est différente, une autre lumière, un jour je verrai plus clair, un jour.
J’ai planté des giroflées odorantes sur la pente douce, je les ai recueillies dans les pierres et les mauvaises herbes, et j’ai fait un bouquet de fleurs avec du forsythia, du mahonia, des pulmonaires, du laurier tin et des primevères.
Et elle me dit que je serai toujours une éternelle amoureuse, et je me sens ridicule, ridicule et passionnée, je dois faire avec cela, je finirai vestale et j’allumerai le feu, je le fais déjà, je développerai cette partie-là.
Et elle me dit : "Les maisons et les jardins, on en a besoin, ça ne s'enfuit pas, ça ne nous trahit pas.Jamais. C'est toujours là quand ça va mal. Au fond, on devrait se marier avec les maisons et les jardins. On aurait moins de problèmes de coeur".
Et je lui réponds: je préfère les filles et je souris.

 
25 mars 2004
 

Rien à comprendre

Tu me désapprends, tu ne me souris pas, tu me regardes, tu me dénudes avec tes yeux là
Je regarde toi, les autres, les murs, ailleurs
Je suis le bord de la ligne entre les lignes qui fuient
Je vais vers, toujours
Je vois le rien du mur, le vide de la faille, l’entaille, tes doigts
Je ne perds pas mon temps, jamais même quand je ne fais rien, je respire, aspire, expire, rends souffle encore, et sens ressens, j’invente et souris, c’est presque gris, c’est pâle comme un cri la nuit quand tu m’appelles, ça déchire les cieux, c’est cathartique, ça libère
Je ne te regarde plus, je te vois
Tu souris aux autres
Et tu me parles et soudain tout bascule ………… des mots assassins, exprès tu veux me faire mal, je ne dis rien, je ne pense rien, je suis vide, tu lapides mon cœur en deux phrases, tu veux tout détruire, tu détruis tout, je me déconstruis d’un bloc en une fois, je veux partir, tourne sur moi-même, vais dans l’autre pièce, regarde les autres, ils parlent, je vais vers toi, te dis au revoir, on s’embrasse, c’est lent et doux et ton regard surpris essaie de……… , je ne suis pas capable de chercher à comprendre, je pars……… la rue, je me perds, le métro, je me trompe de station, suis partie un peu vite, je réalise trop tard, c’est aride, sec, c’est comme mourir, je me pose sur les murs, les plexiglas des voitures, l’arrêt du bus, le bus, je ne sais même plus où je dois descendre, la lumière éclate lointaine
La nuit j’écris des lettres illisibles que je ne t’envoie pas, que je n’arrive même pas à relire

 
23 mars 2004
 

Le tapis volant

Pour vous, j’écrirais bien un poème, mais vous savez les mots s’échappent, ne sont jamais comme on voudrait, pour vous j’aimerais faire quelque chose parce que vous m’avez donné du bien un soir la nuit et plus que cela , je ne m’y attendais pas, pas du tout , les mots des autres dans le soir ou le matin comme cette lettre-là hier matin j’avais les larmes aux yeux et j’ai souri à toi, c’est comme cela la vie, les choses n’arrivent pas là où on les attend ( j’écris cela aussi beaucoup pour moi, surtout ne pas l’oublier, surtout pas aujourd’hui)
Pour vous j’aimerais pouvoir écrire, ce qui nous arrive même si c’est très difficile, impossible à vivre, l’horreur absolue et je vous promets, j’ai déjà vu, vécu, on dit que c’est bon, que si on accepte ce que la vie nous donne c’est bon, alors j’écris cela et j’ai envie de vomir, je sais c’est horrible, je n’assume pas ce que je veux dire.
Et alors j’ai honte d’écrire là et ne pas être capable d’écrire un poème pour vous, je ne dirais même pas j’en écrirais un plus tard parce que le nombre de choses que j’ai promises est innombrable( je ne sais pas le dénombrer.)
Pour vous j’aimerais enfourcher le tapis qui vole et atterrir auprès de vous mettre de l’eau chaude et des herbes magiques et puissantes, des herbes qui guérissent empêchent d’avoir mal dans la théière bleue et dans la rouge, toutes les remplir et boire avec vous et que cela vous fasse du bien, j’aimerais pour vous.

 
19 mars 2004
 

libres

Il y a toutes ces filles toutes ces Junon, toutes ces Sapho, toutes ces belles dans la lumière ou sous la pluie, toutes ces femmes, vous les aimez, vous les prenez, vous ne résistez pas, vous résistez juste un peu pour encore mieux les séduire et elles tombent à vos pieds langoureuses amoureuses, nues ou à peine vêtues, elles dévoilent leurs ventres et même leurs strings vous adorez, vous les aimez royales reines d’un jour, vous avez peur de toujours, vous avez peur de souffrir, alors vous faîtes souffrir avant vous préférez, quand la belle s’éprend, vous cassez toute la romance, l’histoire vous détruisez.
Elle est Junon, elle est Sapho, je ne demande rien, elle veut juste la couleur, un peu de ton odeur dans le parfum des fleurs, des matins dans tes mains magicien, des grappes de raisin dans votre bouche grain par grain et vos lèvres caressées au tendre de mon ventre.Plie moi dans tes bras, pose moi dans tes peurs, caresse moi encore et je vous dirai les heures bleues, les aubes innombrables et certains secrets et libres nous irons.

 
18 mars 2004
 

de la matière

Vision de l’Afrique, un soleil souverain étouffe l’air, fragmentée dans l’atmosphère j’erre, les peaux brunes tendues, les boites de conserve pour jouer la musique, les hommes courent le long des routes, les femmes marchent portant les enfants, le temps, les gosses dans la poussière, le sourire de Margot, les sourires immenses, la danse, je marche dans les rues vers la musique toujours.

Je veux de la matière pour combler remplacer, du papier et de la terre, de la terre africaine ocre, brune, noire desséchée, brûlante, de la terre assoiffée, et des peaux toutes les peaux et un peu de ta peau, un peu de son mystère, de sa folle ardeur et des cheveux fous, il me faut de la matière brute brutale de quoi toucher plein les mains à l’amour, à la mort et des pigments, du jaune d’or et un bleu intense bouleversant, absent parce que trop violent beaucoup trop évident et du papier de soie pour le silence et le taire et la lumière du dehors, de l’eau et des pierres,des cailloux, des galets , des encres, des perles et des coquillages pour entendre la mer.

 
14 mars 2004
 

le coeur battant

Des horizons trop loin, ainsi tout part, tout disparaît, cela ressemble à une fin car rien ne dure, on ne sait jamais demain, après et avec qui et pourquoi et une flûte en bambou, des voix au loin et de plus en plus proches, des tambours aussi d’abord lointains, ils viennent comme de la montagne et les voix viennent du cœur corps enfin de cette partie subtile parfois et souvent vive vivante vibrante et dans l’adversité j’écris, encore poser des mots là où tout s’échappe et où je ne comprends rien, et j’écris, cela me rassure, c’est comme vous vous me rassurez quand vous écrivez votre folie, j’adore.
Et les histoires d’amour à l’eau de rose sont ennuyeuses, tout le monde le dit, alors des histoires sans eau ni rose dans le désert des mots quand tout se perd, te perd, demeurent le ruisseau, le ru, la goutte qui perle, restent vos doigts sur vos lèvres pour quelle belle, reste que troublée je suis toujours quand vous êtes près et au loin aussi il me suffit à peine d’y penser.
Et je me torture les mots, la tête et l’esprit, je me torture de vous de toi et arriver à ne plus savoir qui est qui, qui tu es et ce que j’aime en toi, ce qui me bouleverse tant.
Et dans le matin les oiseaux chantent et derrière le mur on perçoit même leur vol, le bruit des ailes juste derrière le mur, la lumière d’un ciel libéré envahit la maison, les chants et les rires et encore la flûte, la guitare, je me laisse envahir par la musique ils sont heureux, c’est contagieux, le cœur touché, les cœurs battants, on s’élance .

 
12 mars 2004
 

du détachement

Je voulais encore l’abandon dans tes bras, encore tout étreindre et ce monde dans sa folle démence bombarde Madrid, Noa au téléphone parle de guerre et dans le flot incessant je continue de t’aimer toi qui as encore disparu dans la lumière blanche de la nuit, je ne peux oublier tes yeux tristes quand tu me quittes et cette façon singulière que tu as de me regarder.
Les bras repliés sur la poitrine, je garde l’empreinte de toi, je garde l’empreinte de ta peau, je protège le rêve de toi, je sais c’est plus que fou, je veux me détacher, me débarrasser de toi et après mult raisonnements je crois y arriver, c’est décidé, tu ne comptes plus et me retrouves toute tremblante parmi les fleurs nouvelles, j’ai très froid sous le soleil et j’ai mal entre les seins, entre sacrum et plexus solaire, j’ai horriblement mal, je me réfugie dans le lit sous les couettes et doucement là à contre-courant, contre le bon sens populaire, la sagesse ordinaire je me laisse aller à t’aimer encore un peu et l’horrible douleur s’évanouit.
Ce soir j’irai au théâtre avec P, retrouver la complicité de l’ami comédien, se séduire un peu, se frôler et surtout rire avec lui et pendant quelques heures je t’oublierai un peu.

 
10 mars 2004
 

le vide

Impossible de dormir, ma bouche contre ma peau, la passion en dedans dévorante, j’oublierai tout un jour, mais pas cette nuit, cette nuit tu tournes encore là, je ne sais plus quoi te dire, ni quoi écrire, j’appelle les anges, les fées, les lutins des temps anciens, j’appelle le sommeil, je veux juste dormir.
Toi l'ouest, l'occident, le plein
Moi l'est, l'orient, le vide

 
03 mars 2004
 

Elle sans elle

Je lui parle entre deux portes elle me raconte son stage, une dizaine de femmes toutes agressées physiquement, toutes violées et ce n’était pas un stage sur le viol et tout de suite je pense à elle emmurée, barricadée dans son corps, elle qui s’est décomposée, en morceaux éclatée, elle agressée, des attouchements, violée, combien de fois ? Et elle qui semble perdue, s’est perdue, a perdu les mots le langage, elle n’a pas parlé, n'a pas dit, pourquoi ?
La honte, la peur, elle n’a pas trouvé les mots pour le dire, pas de langage pour cela, elle a tout fait pour oublier et a réussi à oublier certains actes, pour que l’on ne voit pas et qu’elle ne sente pas son corps nié, blessé, humilié, son corps qui semble ne plus lui appartenir, elle se protège avec des épaisseurs, des couches, des strates, elle se protège, elle n’a plus confiance dans l’autre, elle a peur des garçons, elle a perdu les mots pendant si longtemps, et maintenant quand elle parle elle a peur que cela recommence, qu’ils reviennent.
Elle sans ailes, sans elle, peut-elle renaître, se métamorphoser, vivre, se retrouver elle, son intimité ?

 



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